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QUESTIONNAIRE SENTIMENTAL DU TEXTILE : RUSTHA LUNA POZZI ESCOT


© Rustha Luna Pozzi Escot - Atelier ROPA.

Rustha Luna Pozzi Escot est une artiste artiste plasticienne textile franco-péruvienne. Sculpteur de formation, elle travaille sur la transformation de rebuts textiles en œuvres d’art, elle utilise également d’autres médiums comme la photographie, la vidéo ou la couture et des matériaux variés comme la résine ou la laine. Née à Lima en 1973, où elle travaille actuellement, elle enseigne à Pontificia, Université Catholique du Pérou. Elle développe également depuis plusieurs années un travail de recherche sur les traditions d'oeuvres collectives textiles dans la culture Latino-Américaine.


Rustha Luna Pozzi-Escot est à l’initiative du projet ROPA, (vêtement en espagnol) à travers lequel elle organise depuis 2011, des ateliers où invite le public à créer des sculptures textiles composées principalement de vêtements usagés.

Nous l'avions invitée à participer à la table ronde Porter ses valeurs, et elle a également accepté de répondre à notre Questionnaire Sentimental du Textile !


GGP - De toutes les matières textiles, laquelle est votre préférée ?

RLPE - J'ai envie de dire les fils, mais les tissus à mailles m'attirent énormément.


GGP - De quelle matière était fait votre doudou ? Ou votre vêtement d'enfance préféré, une matière qui vous plaisait ?

RLPE - Mes souvenirs m'indiquent deux matières : feutre et coton.


GGP - Votre souvenir le plus doux, marquant, par rapport à un vêtement, objet textile ?

RLPE - J'aimais bien adapter mes propres vêtements, j'adorais aussi les chapeaux.


GGP - Si vous n'aviez qu'une tenue, ce serait laquelle ? et pourquoi ?

RLPE - Un bleu de travail, confortable, j'aime la couleur et prête à travailler.


GGP -Pour choisir ce que vous portez c'est d'abord la matière, la couleur, le motif ?

RLPE - Dépendant de la saison, c'est la couleur.


GGP - Quel est le vêtement le plus ancien que vous portez encore, quelle est son histoire ? pourquoi y êtes vous attaché ?

RLPE - De bons vêtements qui durent, c'est rare d'en avoir maintenant. Mais je garde des vêtements en coton (de très bonne qualité au Pérou) mais aussi des Dr Martens de l'année 1999.


GGP - On parle de durabilité environnementale, ou physique, est-ce que la durabilité émotionnelle ça vous parle ? Dites-nous ce que ça vous inspire !

RLPE - Je pense que le rapport émotionnel à un vêtement ou à un objet se construit avec l'usage. Si cet usage finit par le détruire, il faut soit le réparer soit le jeter. Si on veut cultiver un lien émotionnel avec nos vêtements, il faut bien les choisir (bonne qualité) et prendre soin d’eux.


GGP - Le sens, dans la mode, pour vous, ça veut dire quoi ?

RLPE - Ça veut dire la direction qui prend les tendances.


© Rustha Luna Pozzi Escot - série "Femmes armées"

GGP - Pour vous, par quoi faudrait-il commencer pour limiter l'impact de la mode sur l'environnement ?

RLPE - C'est sûr qu'on le sait depuis quelques années et que le ralentissement n'est pas affolant. Mais je suis persuadée que les nouvelles générations ont plus de conscience (je le vois car je suis enseignante).


GGP - Quelles sont les choses que vous avez changées pour aligner votre consommation du textile avec vos valeurs ?

RLPE - Par bien choisir ce qu'on achète. Par réduire la consommation compulsive (soldes et autres) et d'essayer de lui donner une autre vie aux vêtements, soit les réparer, soit les transformer. Par exemple acheter des vêtements de deuxième main aux friperies, anéantir les achats, donner les vêtements que je n'utilise pas et surtout créer des projets artistiques avec des rebuts de matières textiles ou des vêtements usés.




GGP - A quoi ne pourriez-vous pas renoncer en matière d'habillement ?

RLPE - À renouveler les vêtements intimes neufs (rires).


GGP - Comment faites-vous pour garder vos vêtements le plus longtemps possible ?

RLPE - Garder la ligne pour ne pas jongler entre les tailles, bien prendre soin d'eux, les laver et garder en bonnes conditions, etc. Si je vois que je les utilise pas, j'essaye (je dis "j'essaye") de les donner.


GGP - Les pulls rétrécis, les chaussettes rouges dans une machine de blanc, ça vous arrive ?

RLPE - Moins maintenant, je fais attention.


Quelles sont vos solutions pour éviter ces accidents, ou les réparer ?

RLPE - Les lingettes qui épongent les fluides de couleurs dans la machine à laver, avant j'essaye de bien trier le linge. Je répare mes vêtements, surtout ceux qui sont en maille.


GGP - Le visible mending, (ou réparation créative, inspiré du boro ou du kinsugi) vous connaissez ?

RLPE - Oui, je suis fan, j’espère que cette prise de conscience augmente, c'est inspirant.


GGP - Qu'est ce qui fait, d'après vous, qu'on hésite à porter un vêtement réparé ?

RLPE - Je pense qu'il y a une vision du vêtement réparé associée à la pauvreté ou au manque de moyens pour acheter un autre neuf.


GGP - Encore un mot ?

RLPE - Ne pas oublier les questions de genre, le rôle des femmes dans cette affaire. Elles ont élevé les pratiques du fil et de plus en plus les savoir-faire dits "féminins" sont moins stigmatisés et de plus en plus des hommes participent aussi...


Retrouvez toutes les personnalités qui on répondu à notre questionnaire sentimental : ici.



Pour aller plus loin


Rustha Luna Pozzi Escot :

Son site pour découvrir son travail : https://en.rusthaluna.com



Sur la même thématique :

Table ronde "Porter ses valeurs grâce à la réparation créative", lors de la Fashion Revolution Week 2021 :

Pourquoi s'initier au visible mending ?




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